qui bouge

Il y a quelqu'un ?

Un matin, s'apprêtant à aller travailler, elle ouvre la porte donnant sur le boulevard en bas de chez elle et elle ne reconnaît plus rien. Le kiosque à journaux juste en face et son charmant vendeur ont disparu. À la place, un cube d'écrans protégé par des grilles sur chaque face. Elle fait quatre pas pour s'en approcher et a juste le temps de dire « mais... » que l'écran qui la regarde s'allume : tout sourire, un ministre du gouvernement lui dit : « nous vous avons entendu, nous vous avons compris, nous en tirons les leçons, nous allons expliquer, communiquer, accélérer.» Elle recule, abasourdie, de quelques pas et sur sa droite à la place du sex-shop qui déjà remplaçait la boulangerie, se trouve une façade de claviers, de fentes et de tiroirs qui s'ouvrent et se referment.
Le marronnier s'est volatilisé, d'ailleurs il n'y a plus aucun arbre.
Du café à l'angle, plus trace.
Rue non plus.
Enlevés feux.
Voitures, voitures
Traverser ?
Deux pas avant.
Écran ministre bis : mécontents charter.
- - - r-cul- - - - r-fl-chir. - - - autr-s. S- r- gr-uper.

Elle s'était couchée tard la veille. Tellement à faire en pleine création ! Depuis quelques années, elle travaillait de plus en plus et elle gagnait de moins en moins. Il lui fallait écrire un texte. Encore une fois dans l'urgence. Elle qui aimait prendre son temps et bien faire les choses. Elle n'aimait pas récriminer, elle se disait qu'il faudrait réagir, prendre les choses en main...

Sidonie Rochon

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